Je suis l’artiste. Celui qui créé la magie.
C’est ce qui ressort de toutes mes discussions avec mes amis, collègues et maître.
Je suis à l’étranger. Vendredi soir fut normal. Une soirée entre ami, à boire des bières, parler d’art, de rêves et de nouveaux départs. A rattraper les jours sans papotage. Vendredi soir fut une soirée normale. Juste une interrogation ensommeillée avant de me coucher. Une interrogation en survolant les réseaux. Et maintenant un S à fusillade. Je m’écroule.
Je me réveille Samedi matin, la tête engourdie. Sorti de douche, Je suis fatigué. J’ai mal dormi. Je couchsurfe depuis quelques jours. Vacances et vikings.
L’ami vient vers moi, les yeux ahuris, « Man, something horrible hap …. »
Colère, rage, angoisse.
J’allume mon téléphone. .
Déferlantes de messages, d’informations. Mes familles, mes amies. Je ne pense à rien d’autre. Et je rajoute ma couche au réseau, message après message. De page en page. Je ne pense à rien d’autre. La toile s’enfièvre.
D’ici, je ne peux rien faire.
Je suis un artiste.
Je créé la magie.
Je dessine le portrait d’un homme qui m’est très cher. Un ami intime. Je rumine.
J’ai discuté avec mon maître. Un deuxième père, qui m’ouvre des portes sur ma création, me soutient et me guide. Je pense à ma mère. Qui avec ses mots, entrouvre les mêmes fenêtres. Je demande des nouvelles du premier. Le seul. L’unique. Etait-il sur Paris ?
L’atlas qui guide mon univers. Et je parle.
Avec un égal. Qui vient de se trouver. Artiste.
Deux ans, et il est enfin devenu.
Artiste, lui aussi.
Il créé la magie.
Je parle.
J’oublie pour un temps, le temps d’un repas, un restaurant, les rires, une enfant qui joue, mes amis autour.
Paris me rattrape. Le chef est là. Il est sorti de la cuisine. Il me connait. Il a l’une de mes premières sculptures. Et me demande.
Paris me rattrape.
Ma colère crève la surface. Blanche. Froide.
Ma rage.
Le silence tombe. Que vais-je dire. L’émotion, mon émotion, passe. Je reste simple. Non, rien n’a touché ma famille, non mes amis vont bien.
Cette question indiscrète. Curiosité de savoir, de comprendre ce que ressent l’Autre, celui qui est meurtri dans sa patrie. Compassion.
Sur le retour, nous parlons, mon maître adoré et moi. Artiste. Lui aussi.
Il créé la magie.
Nouvelle nuit.
Nouveau réveil.
Peinture.
Et une leçon, encore. Merci.
A quatre mains, le portrait de cet homme apparait.
Magie.
Nous avançons. Parlons. Encore.
D’art.
De beauté.
De vie.
De femmes. D’hommes.
Petit à petit.
Et je trouve mon combat. Ce combat. Petit à petit.
Nouvelle nuit. Nouveau départ.
Nous sommes lundi.
Cet homme dont j’ai fait le portrait. Cet ami incroyable.
Il parle. Je parle.
Il part travailler.
La femme qui l’accompagne, arrive. Elle est curieuse. Et tente de le cacher, un peu. Ses questions, entrecoupées de silences, viennent. Elle veut comprendre, me comprendre. J’écoute le silence. Et commence à débobiner ma langue. Dans une autre langue.
A mi chemin entre nous deux.
L’émotion est retombée. Un peu.
Il me reste cet état de création. Je ne peux pas l’expliquer. Cet état qui précède, dure et s’amplifie. Pendant une création. Et se prolonge après. Un peu. Jusqu’à la prochaine.
Je créé la magie.
Je suis artiste.
J’ai expérimenté les bas-fonds, de ma misère, de ma dépression, de ce manque de vie.
J’ai voulu devenir artiste. Pour l’exprimer, pour exprimer ce que j’avais à l’intérieur.
Sur ce chemin, plusieurs m’ont ouvert un chenal. Délicatement, la grille est tombée entre des mains. Des mains familiales. Des mains d’un artiste. Recueilli le tison et soufflé un vent empli de chaleur et de glace.
Et versé cette flamme sur un buché de joie.
Je suis devenu artiste.
Vendredi soir, quelques uns ont tenté de prendre, de me prendre, de vous prendre, juste prendre cette flamme.
Samedi soir, comme dimanche soir, comme lundi soir, j’ai découvert un pourquoi. Pourquoi artiste ?
A travers cet ami artiste qui créé la magie. A travers ce maître qui créé la magie, à travers cet ami philosophe qui créé. De la magie.
Je suis artiste. Je travaille, l’émotion, le mouvement, l’opposition.
Ma vie s’articule sur la beauté. Celle de la vie. Celle de la femme. De cet instant où l’une d’entre elles s’est posée, a arrêté de respirer le temps d’une soirée sur une gorgone. Celle de l’homme. De cet homme qui croit en ce que je fais et se démène pour me faire avancer. Une vie, ma vie qui s’articule autour de la votre. Pour la sublimer.
Je créé de l’inutile. Qui n’a qu’un seul but.
Celui de l’instant. Celui du présent. Magie.
Ma vie, moi, l’artiste. L’homme que je suis, l’humain que je suis a été trempé dans le feu et le sang d’un symbole humaniste. Un symbole de liberté du choix.
Je suis l’artiste. Jamais je ne vous permettrais de verser dans la haine et la destruction profonde que certains veulent.
Jamais je ne vous permettrais d’oublier un seul instant la beauté du présent. La Force de la Femme. Et la Grâce de l’Homme.
Je suis affuté, concentré jusqu’à la moelle.
Ma vie n’a qu’un seul but.
Je suis artiste.
Je suis l’artiste.
Je créé la magie.