Petit, des cachous?

Depuis le début et jusqu’à la fin des temps, les artistes étaient, sont et seront des réceptacles.
Nous catalysons les sentiments, les émotions, préparons les sensations.
Invoquons les réactions.
Physique.
Psychique.
Au travers de notre art, nous induisons un comportement chez l’Autre.
Attrait. Rejets.
Amour. Haine.
Érotisme et dégout.
Courage ou peur.

Créer une œuvre n’est pas un acte anodin.
Du moins personnellement.
Chaque pièce demande du temps, un engagement physique. Un investissement. Ma sueur et mon sang.
Créer demande du temps. Pour murir le projet, l’entamer. Y réfléchir et tenter de laisser venir. De ne pas penser.
De ne pas tout contrôler.
Le hasard rentre aussi en ligne de compte.
Le hasard ou l’inconscient.
Puisque nous, enfin nos cerveaux, contrôlent chaque nerf, chaque muscle de notre corps. Et donc notre corps.
Preuve à l’appui. Les psys nous rabâchent les oreilles depuis un bon siècle que nous sommes un peu conscient et pratiquement qu’inconscience.
Il en va forcément de même pour l’Art : un peu de contrôle et plus que tout de la projection du « ça ».
Hier encore, sur l’une de mes sculptures, l’un de mes Regardants me demandait si j’avais volontairement fait ce sexe féminin. Aussi grand que son ventre, ce vagin en devenait gargantuesque, cannibale et vraiment plaisant à l’œil.
J’avoue franchement que je n’ai jamais, Ô grand jamais, vu et pensé quoique ce soit pendant la sculpture.
Juste des lignes et un mouvement que j’aime. Une texture qui s’oppose à la douceur, au velouté des seins.
J’avais même essayé de travailler un pubis discret. Histoire de ne pas choquer.
Étais-je frustré durant ce mois de sculpture ?
Je ne me souviens plus.
Peut-être bien.

Sortant et étalant au grand jour mes émotions, mes tensions, mon état psychologique du moment, je suis un exhibitionniste.
Et ce, dans un cadre légal. Quoi de mieux ?
Vous aurez peu de chance de me voir nu, de me voir mis à nu, en dehors de mon art.
Exhibitionniste.
Le mot est lâché.
Cela me plaît.
C’est à l’emporte-pièce. Frappeur. Un poil provocateur.
ET cependant vrai.
Quel artiste ne met pas sur la table d’opération ses pulsions. Les triture, les torture, les retourne dans tous les sens pour en sortir le plus grand nombre d’œuvres.

Nous avons tous nos leitmotivs.
Pour certain, c’est le décalage, d’autre, le piquant-dégoulinant.
Personnellement, c’est le mouvement.
Parce que le mouvement, c’est la Vie. Bouger, c’est respirer. C’est ce qui fait que nous sommes en vie.
Et son absence, la mort.
J’ai toujours eu peur de mourir un jour. Pas tout à fait vrai. Peur de mourir sans avoir rien fait de ma vie.
J’aime Vivre.
J’aime Rire.
J’aime Créer. Et mes œuvres resteront après moi. Je suis immortel.
Et pour ce faire, il ne me reste plus qu’à vous partager ma vie. Personnel et professionnel. A vous étaler mes émotions. A vous sculpter mes frustrations. De vous présenter ma rage. Mon envie de vivre et d’explorer ma curiosité, pour finalement transcender ma condition de mortel.
Il me suffit de m’exhiber, pour que vous regardiez, vous touchiez.
D’être un exhibitionniste. Un vrai.

Alors, petit, tu veux des cachous ?

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