J’ai mis un mois à l’accoucher. Suite à ce genre de réflexions.
Je suis virulent, je l’assume.
Et comme mon ami blogépistolaire, Vai, le prétend, peut être bien qu’un artiste s’est égocentrique.
Bonne lecture.
Tu sais, c’est de l’Art…
Qui n’a jamais entendu ou prononcé cette phrase, grand classique du Regardant.
De celui qui ne veut pas juger ou qui a peur ou qui ne comprend rien à rien à ce qu’il a en fasse de lui.
Moi-même, je l’ai prononcé, je tends à moins le faire. Spécialement quand l’œuvre ne me touche pas. Surtout quand l’œuvre ne déclenche rien.
Je ne souhaite pas lancer la première pierre au Regardant ou à l’Artiste.
En fait, si.
Je vais en jeter aux deux.
« Tu sais, c’est de l’Art, moi, je ne dis rien … »
Du point de vue du Regardant, que cela doit être frustrant. Payer une entrée, faire l’effort d’aller vers l’artiste. Et se retrouver devant une œuvre qui ne parle pas, qui n’a pas d’intérêt ou pire « qui se fout Et j’ai une pensée pour une baignoire qui s’est fait nettoyer.
Dites moi, quel est l’intérêt. Oui, oui, je sais, l’artiste a voulu signifier au monde … mais justement, c’est raté. Y a rien à en dire, c’est qu’une baignoire. Cas particulier.
Pour élargir à toutes les œuvres qui déclenchent cette petite phrase magique. Rien de ce qui a été créé n’est retenu. Paf, un coup dans l’eau.
Tu sais, c’est de l’Art.
En clair, ça vaut cher, plus que ce que je gagne en un an, Y a rien à en dire, en tirer. Branlette d’artiste.
Et je vous passe ce que tout un chacun peut dire, partager, échanger autour d’un café, à propos de nos œuvres.
Et ils ont raison, vous avez raison, chers Regardants. Pourquoi faire l’effort quand c’est clairement du n’importe quoi. Que vous retenir de nous, de notre époque les générations futurs, quand ils verront que l’on se pâmait devant une baignoire sale.
Et d’un autre côté, c’est un manque de jugement de votre part.
Et personnellement, quand j’entends ceci de mes propres œuvres, c’est frustrant, rageant, vexant. Je ne prétends pas que toutes mes œuvres sont des chefs-d’œuvre. Loin de là. Mais c’est ce manque de jugement, ce non jugement qui m’horripile.
Tu sais, c’est de l’Art.
Entends, mon garçon, tu fais ce que tu veux, c’est toi l’Artiste.
Et bien non, je ne fais pas ce que je veux.
Je suis un contemporain.
Je crée mes règles. Je les assume. Et j’essaie de vous les faire comprendre.
Je passe des messages. Du moins, j’essaie.
J’extraie de moi-même ma rage, ma colère, ma frustration, ma peur, mes envies, mes passions, mes doutes, joies et peines.
Et je souhaite être jugé.
Entendre ce que le monde pense de moi, de mes œuvres.
Ce que vous, Regardants, ressentez, vivez, pensez.
Je souhaite voir, avoir vos émotions, vos sourires et vos rictus. Vos commentaires. Parce que c’est ce qui me fait avancer.
C’est ma nourriture. Le pain de mon âme.
Votre jugement.
Un regard, un mot. Qu’importe. Réagissez.
C’est vous, Regardants, qui nous font et défont.
Laisser cette phrase se prononcer, c’est aller contre tous les fondements de l’art.
Nous, artistes, sommes là pour courir avec la flamme au devant de tous les autres. Nous sommes les miroirs.
Un non-jugement, nous caractérise.
Et un non-jugement, c’est une propagande, une ode à la bêtise.
Alors réagissez, critiquez.
Ouvrez vos clapets.
Et faites savoir qu’il n’y a pas d’intérêt.
Ou, au contraire, qu’il y en a.
Et au-delà de cet étonnement du « mais, même-moi, je peux le faire, ça ! », il y a certainement un message, une démarche et une volonté.
Après tout, une « merda d’artista », ça fait réfléchir quand même, non ?