Plaidoyer pour désaimer

Les portes de l’ascenseur se referment et je monte en apesanteur.
Bordel, je tombe.
Mes sens s’affolent. Bouffé d’oxygène, mon cerveau s’éteint. La seconde s’éternise.
Explosion vitale. Second Boom de mon cœur.
Troisième mouvement.
Je réponds. Les couleurs reviennent, chatoient. S’illuminent puissamment.
Et les mots sortent. Naturellement. Ça colle. L’entente est bonne. Magnifié. Magnifique.
Oh merde, je tombe.
Cataclysme de vie.  C’est un tsunami d’odeurs, de bruits, de mes sens qui m’emportent, brindille bringuebalante sur ce fétu de paille dressé autour de moi.
Armure et citadelle inviolable.
Une simple pensée, curiosité, a suffit pour torpiller la vitre pare-balle de mon tranquille aquarium.
J’attends. Espérant.
J’attends. N’y croyant pas moi-même.
La journée quotidienne s’allonge d’espérance, croyance, entrecoupée de micro-explosions tactiques.
Sensorielles.
Le courant passe.
Et le piège se referme.
Victime consentante de ma corporalité, casque bleu observant la lutte acharnée entre cœur et raison.
Je tombe. Encore et encore.
Le pont levé est descendu, maillon après maillon.
Et finalement, la passion tant espérée ne s’est pas avancée.
Que s’est-il passé ? Qu’ai-je raté ?
L’affolement de mes sens me trompe quotidiennement. Je ne sais plus à quoi me fier. Ce que je sens, ce que je vois. Ce que je crois sentir, voir.
Et ce qui est.
Passe ton chemin, me dis-je.
Continue.
Encore.
Toile après toile.
Toujours.
Sculpture après sculpture.
Vibre. Vis. Ressens ces, mes explosions. Tu les retranscriras encore plus puissamment.
Tu as voulu le tenter, alors va jusqu’au bout de ton chemin.
Quoiqu’il en coute.
La porte, doucement, se referme.
L’air frais, doucement, se fige.
Lourd de tensions.
Chargé de mystères incompris. L’éternité de l’instant disparait. La lumière s’allonge, déclinant doucement vers cette scintillante torpeur de couché de soleil.
L’idée même disparait.
Ainsi vont les émotions, vie et mort de ces papillons luminescents.
Le dôme est  remis en place. La porte est fermée. Quelque part, une bougie s’allume.
La carapace, ce vieux piège, se referme.
Je ferme les yeux.

J’attends.

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