Et si on décrochait la lune

Il y a quelques jours, une demoiselle me disait :
« Mais jamais vous ne décrocher ? ».
Elle parlait du dessin, de la philo, de sculptures et de culture.
Tout ce qui fait ma vie maintenant.

Il est 22h passé. Je sors du cinéma. J’ai travaillé toute la journée. A passer des billes en plots. Travail de scierie. Travail physique par excellence. Et pourtant j’écris encore.
Jamais je ne décroche.
Je me couche avec des idées. Je me lève avec des idées. Des myriades d’images me passent derrière les yeux du soir au matin. Du matin au soir.
Je n’y peux rien. Quand les mains chauffent. Que les bras me brulent et le cerveau entre en ébullition, il n’y a rien d’autre à faire que de faire. Peu importe les mots, la manière. La plume, les gouges ou le pinceau.
Écrire, dessiner, peindre ou sculpter, cela ne revient qu’à une seule et unique chose.

Sortir ce qu’il y a à sortir. L’exprimer et le verbaliser. L’endurer, souffrir et lui insuffler vie.

Jamais je ne décroche.
Jamais plus je ne mettrai ma vie entre parenthèse.
Ni pour moi. Ni pour quelqu’un d’autre.

C’est peut être égocentrique et je l’assume jusqu’au bout. Droit dans mes bottes.

Je l’ai tenté et cela n’a pas été. Ni pour elle, ni pour eux. Ni pour moi.

Hier, un couperet est tombé. Des mots ont été placés. Une vie qui doit se reconstruire et exulter.
Pour continuer de s’accomplir.  Pour être heureux. Pourquoi décrocher?
J’en reviens encore une fois à mes fondamentaux.
Vivre. Pleinement. Intensément.
Créer.
Plaisir.
Mouvement.
Immortalité.

Pourquoi décrocher ?
Quand c’est aussi naturel que de boire et manger, que de respirer.

Que cela devienne un aspect de personnalité. Un fil d’Ariane. Ce fil rouge qui va guider pour le temps attribué et le dilater jusqu’à l’extrême.
Étirer et magnifier chaque instant.
Au risque de paraître niais, romantique et de pomper sur d’autres, de faire de chaque instant une vie. Une éternité.
Que l’on puisse être fier, de se retourner pour regarder ce qui est fait et admirer tout ce que l’on fera.

Je suis un optimiste.

Pourquoi décrocher ?

Puisqu’au fond la création, c’est comme la passion, le feu de vie. Plus nous retenons la vague, plus le barrage s’affaiblit.
Et un raz de marée emporte tout.

Libérant le flot.

Inondant la plaine.

Et une fois retirer les eaux, c’est de ce limon que se créer, encore une fois, la vie.

Alors non, je ne décroche pas. Parce que je n’ai que deux moyens pour débrancher le cerveau, pour baisser le régime.

Méditer.
Et retrouver en suivant une force encore plus dévastatrice.

M’abimer dans l’art des autres. Entrer dans leurs vies, leurs esprits.
A travers leurs mots, leurs couleurs, leurs sons, leurs formes, leurs saveurs.

Et si nous allions tout simplement la décrocher, cette lune ? Histoire de se comprendre un peu mieux.

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